"Je n'existais plus" : mécanique de l'emprise

« Je n’existais plus. » Cette phrase, Pascale Jamoulle l’a entendue à de multiples reprises lors de l’enquête de terrain qu’elle a menée, pendant sept ans, pour mieux cerner et comprendre ce fait social contemporain encore largement méconnu qu’est l’emprise.

Prononcés par des personnes qui se sont longtemps tues, ces mots en résument les effets d’anéantissement et de dépersonnalisation. La mécanique de l’emprise piège des sujets jusqu’alors libres de penser et d’exister par eux-mêmes. Un prédateur charismatique ou un système prédateur se les approprient graduellement sur les plans physique, mental, socio-économique et symbolique. 

Pascale Jamoulle viendra présenter son travail sur ce sujet sensible ; travail qui a donné lieu à la publication du livre Je n'existais plus. Les mondes de l'emprise et de la déprise, publié cette année aux éditions de La Découverte.

Cet ouvrage explore et cherche à élucider ces systèmes d’emprise, les passages d’une emprise à une autre, ainsi que les dynamiques d’émancipation qui permettent de s’en libérer. Il croise les lieux d’investigation (le couple, la famille, le soin, le travail, l’économie souterraine) et les récits de personnes touchées. Il pose en particulier cette question anthropologique : les systèmes d’emprise ont-ils la même structure, d’un terrain à l’autre ? Les processus lents et progressifs de la déprise sont-ils similaires ?

Intervenante :
Pascale Jamoulle est docteure en anthropologie, licenciée en lettres et assistante sociale. Elle a notamment publié à La Découverte Des hommes sur le fil (Poche, 2008), Fragments d’intime (2009) et Par-delà les silences (2013)