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Sport
- Publié le 6 novembre 2024

« Nous entrons dans la cour des grands »

Crédit photo : Muriel Chaulet

En janvier, l’ASVEL Féminin quittera le gymnase Mado Bonnet (8e) pour investir un nouveau terrain de jeu mis à disposition par la Ville de Lyon : le Palais des Sports de Gerland (7e). Présidente déléguée des Lionnes depuis 2017, Marie-Sophie Obama évoque cette nouvelle étape, idéalement coordonnée avec les enjeux de société que le club veut défendre.  

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Votre sentiment avant cette arrivée au Palais des Sports ?

M.-S. Obama : Une grande concentration car nous entrons dans la cour des grands ! Nous préparons au mieux ce match inaugural du 12 janvier contre Villeneuve d’Ascq qui sera une grande fête. À nous d’assumer cette confiance que la Ville de Lyon nous témoigne. L’ASVEL disposait de 1 248 places à Mado Bonnet, nous adopterons une configuration à 3 000 personnes au Palais. Au-delà des tribunes, il y a tous les espaces qui nous permettront de développer le club, d’accueillir de nouveaux sponsors et d’organiser les actions sociétales que nous menons. 

C’est donc plus qu’un changement de salle ?

Bénéficier de telles infrastructures, c’est un message énorme envoyé au sport féminin. C’est pour moi ce qu’il y a de plus émouvant. C’est le basket qui en bénéficie aujourd’hui mais cela pourra servir d’exemple pour d’autres disciplines. En arrivant à Gerland, nous nous rapprochons également des filles du LOU Rugby, c’est intéressant de lancer une dynamique féminine. 

Sportivement, c’est une saison de reconstruction avec de jeunes joueuses… 

Notre feuille de route est en cohérence avec notre raison d’être : permettre à chaque petite fille et à chaque femme de réaliser ses rêves et de devenir la capitaine de sa vie. Sportivement, nous avions souvent misé sur des joueuses déjà reconnues. Nous ne le renions pas, cela nous a permis de grandir mais aujourd’hui, la moitié de notre équipe a moins de 20 ans. Nous donnons leur chance aux jeunes en leur offrant le temps d’apprendre et de faire des erreurs sur le terrain. Nous voulons les aider à devenir les grandes athlètes de demain. 

Développer une véritable identité de club, c’est aussi important que les victoires ?

Il faut du temps pour mettre en œuvre une identité mais oui, on ne veut pas gagner n’importe comment. Il faut que cela ait du sens pour notre écosystème. Au-delà des titres qu’une équipe peut remporter, il y a toute une histoire autour et des personnes qui se reconnaissent dans une épopée sportive. Les acteurs du sport professionnel doivent de plus en plus se responsabiliser pour être utiles à leur environnement. Il ne s’agit pas simplement de procurer de l’émotion le jour J. C’est très chouette mais cette émotion liée aux résultats sportifs doit être la résultante de beaucoup d’autres initiatives tout autour. 

Qu’est-ce qu’implique le statut « d’entreprise à mission » acquis en 2022 ? 

Nous avons inscrit dans nos statuts des objectifs sociaux et environnementaux pour lesquels nous nous engageons et pour lesquels nous sommes audités. Notre cœur d’activité vient nourrir le sociétal et vice versa. Nous souhaitions faire en sorte que notre ambition sportive serve des enjeux de société. Cela se traduit également par la création d’un nouveau modèle économique autour du sport féminin. 

Le sport contribue à l’évolution de la place des femmes dans la société ?

Il inspire des vocations en témoignant d’histoires d’accomplissement. Nous avons pu le constater pendant les Jeux de Paris, le sport fédère de manière décloisonnée des sensibilités et des origines sociales différentes autour d’un objectif commun, sans forcément s’appesantir sur cette différenciation entre les hommes et les femmes. Nous sommes différents. Ce qui est essentiel, c’est que chacun exprime sa singularité et qu’il soit bon dans ce qu’il fait. Nous ne devrions pas nous poser la question de ce que nous préférons. Personnellement, j’adore manger mexicain et italien. Venir à un match de basket féminin ou masculin, aller au stade de foot, assister à une pièce de théâtre, tout est compatible. D’autant qu’à Lyon, nous avons la chance de pouvoir tout faire très facilement. 

L’ASVEL Féminin est un club qui grandit vite, comment l’imaginez-vous dans 10 ou 15 ans ?

Avec de nouveaux titres, bien sûr, mais surtout avec un modèle qui est reconnu. J’espère que nous aurons beaucoup plus de clubs à mission, toutes disciplines confondues. Je serais fière si nous arrivons à transmettre une entité qui ait du sens et qui puisse continuer d’évoluer, peu importe les personnes aux manettes.